Victor Moreau pose ici avec l’édition du Goût de vivre du 16 août 1984, traitant de l’ouverture officielle de Camping Lafontaine. Trente-cinq ans plus tard, Victor revient sur ce projet et Lafontaine en Action, qui ont grandement meublé sa vie.
Maxime Pronovost
L’ouverture du camping de Lafontaine s’est déroulée il y a 35 ans, le 15 août 1984. Pour se remémorer à la fois Lafontaine en action et le camping, nous avons rencontré Victor Moreau.
Victor Moreau nous racontait comment l’idée d’ouvrir un centre de ski de fond lui est venue: « […] j’ai travaillé avec Katimavik pas loin d’Ottawa, un jour, on a eu du temps de libre et on a fait du ski de fond […] Dans le p’tit groupe, on a eu un fun épouvantable. C’était remarquable et on a tous adoré et accroché. Je suis revenu à la maison avec cette idée là: À Lafontaine on va faire du ski de fond ».
Une fois de retour dans la région, il fallait démarrer le tout, il fallait skier dans les champs de Lafontaine: « On a commencé avec le ski dans ma cour. On faisait des pistes directement en tappant la neige en ski, ça partait de la concession 16 jusqu’à dépasser Silverbirch. À un moment c’était trop long, on faisait les pistes au ski-doo. On en a travaillé une shot! Quand on a amené la business chez nous, on a quadruplé le chiffre d’affaires ».
C’est en 1980 que le chalet de ski a été construit dans sa cour, où la propriété voisine a finalement été achetée par Victor: « On a acheté le terrain du voisin. On a transporté le chalet, à son emplacement actuel. À l’époque, André Maurice, qui était soudeur, a mis deux poutres en dessous du chalet, on l’a sorti de là pis on l’a déménagé, André y en parle souvent, ça a été ben du fun ».
Selon M. Moreau, les années 1983, 1984 et 1985 ont été le sommet de la popularité de Lafontaine en action: « Les gens venaient de partout pour faire du ski. Dans le pic, 5 autobus de Toronto bien pleins venaient faire du ski chez nous. Dans ce temps-là y avait d’la neige. Les gens allaient plus loin que ce qu’ils étaient capables de skier, ils partaient et ne revenaient pas toujours, on devait demander aux gars avec leurs ski-doo d’aller chercher les gens ».
Victor Moreau se rappelle des années fastes où la neige ne manquait pas: « Y a une année, on a emprunté un ski-doo et on tappait les pistes, j’suis tombé à côté de la piste et on avait de la neige au nombril, disons que les choses ont changé ».
Création du camping
Une fois le ski de fond bien en place à Lafontaine en action, on faisait assez d’argent pour survivre, il fallait penser à l’été et à faire de l’argent à l’année.
C’est en 1983 qu’a commencé la construction du terrain de camping, Victor nous rappelle qu’à l’époque, Lafontaine en action était enregistrée comme entreprise à but non lucratif au moment d’appliquer pour l’emploi pour le gérer: « Le camping s’en venait assez bien et j’ai appliqué pour le poste de gestion, quand on a ouvert les portes en 84, on avait pas d’électricité au camping, on avait juste l’électricité au chalet de ski ». Victor Moreau ajoutait: « Les premiers qui sont venus à l’ouverture revenaient année après année ».
Une tâche colossale
Victor Moreau mentionnait la vocation et le dépassement des employés quant au camping: « Il y a mille et une choses que les employés ont fait pour le camping afin de pouvoir être rentable, on a fait des billots dans le bois, on les a sciés au moulin, on a construit les tables de picnic, ça prenait 150 tables en bois, à chaque place de camping, les numéros de terrain, y a eu 20 employés pour construire le terrain.
À cet effet, Victor ajoutait qu’il y eut beaucoup d’espoir quant à la venue du pape en 1984: « […] quand le pape est venu, on avait 150 sites de camping, on en construisait d’autres pour des tentes, peut-être 25 sites additionnels, et finalement, quand le pape est arrivé on a eu 4 campeurs au total ».
Endettement et achat
« En 1993, le camping était endetté, j’ai parlé au gouvernement du rachat possible, j’ai finalement racheté le camping avec un plan de relève qui a été accepté par le gouvernement provincial. On a finalement vendu le camping Lafontaine ».
En pleine nature
Victor se remémore la qualité et la varitété de la flore autour du camping: « La qualité de la nature était parfaite, c’était varié, y avait toutes sortes de terrains. À certains endroits c’était une plantation, ailleurs c’était sablonneux, on avait aussi un marécage. Il faut savoir que le terrain a été construit sur une vieille plantation d’arbres de noël, c’était de la terre très pauvre, c’était sablonneux et c’était parfait pour un camping ».
Nous avons demandé à Victor de nous parler de ses plus beaux souvenirs: « J’me levais à 7h le matin, je prenais un café avec les chums au Esso, à 8h je revenais et j’ouvrais le bureau. Y avait un p’tit polonais qui venait, il me suivait partout, à 9h il dormait sur le sofa dans le bureau. Les activités avec les enfants, les promenades en tracteur avec le wagon, c’était le bon temps. Les amitiés qu’on développait, les tâches au quotidien, c’était marquant ». Victor nous montrait fièrement une caricature, qui lui a été offerte en cadeau, une mise en scène où on le voit devant son tracteur, avec les enfants sur le wagon à l’arrière.
Victor nous racontait ceci à propos des activités: « […] c’était un endroit parfait pour la famille, les parents avaient la paix, on faisait un bingo pour les enfants au chalet de ski les samedi et dimanche au début. Au fur et à mesure, on employait 3 personnes dans la programmation, pour des activités. On attirait des parents en disant que les enfants étaient occupés, ils viendront pas vous déranger. »
Fermer les livres
L’expression veut que toute bonne chose ait une fin. Nous avons demandé à Victor de nous dire quelques mots sur les derniers temps au ski et au camping: « On a fermé le ski en 2001, c’était terminé, y avait pu d’hiver, les groupes qui venaient en autobus appelaient la veille et on avait juste 6 pouces de neige, c’était pas possible de faire des plans ». Disait Victor sur la réalité de plus en plus difficile en période hivernale. En été: « On a vendu le terrain en 2003. On a travaillé fort. C’était 16 heures de travail par jour, tous les jours. C’est une histoire de famille, tout le monde travaillait au camping. On prenait juste 4 ou 5 jours de repos durant l’été ».
Victor Moreau terminait l’entrevue en jetant un regard soutenu à sa caricature posée près de lui en disant: «Ça été ben du fun ».