On aperçoit André Forget, luthier reconnu pour la grande qualité de ses guitares à l’oeuvre dans son atelier de Lafontaine.
Maxime Pronovost
Les guitares d’André Forget ont de quoi faire baver les puristes. Le son de ces guitares est d’une richesse évidente et a convaincu près de 80 personnes à les adopter depuis le début des années 90. Le luthier de Lafontaine, qui les fabrique à la main, nous recevait chez lui dans son atelier, pour que nous puissions mieux découvrir sa passion.
Dès notre entrée dans l’atelier d’André Forget, des effluves de cèdre, d’érable et de multiples bois exotiques, venus aussi loin que l’Afrique, se mêlent et invitent à jeter un regard sur tout ce qui s’y bâtit. L’ancien prof de « shop » de Le Caron nous présente d’abord sa dernière création, un corps de guitare en Katalox, un bois mexicain sombre, dense et aux rainures qu’aucun fabricant de guitare grand marché ne tient dans son catalogue. André nous parle de cette guitare avec une passion évidente: « ces jours-ci, les gens recherchent des guitares construites avec des bois exotiques, je mets des mois à travailler là-dessus (la guitare) et elle va sonner parfaitement ».
Des débuts à Le Caron
Au tout début, pour André Forget, il a dû lui-même fabriquer ses moules et ses gabarits: « Un élève à Le Caron m’a demandé de lui montrer comment faire une guitare, J’ai dû apprendre les techniques avant de les enseigner. On n’avait pas de moules, on avait pas de jigs (gabarits), j’ai dû les faire moi-même. Quand j’y pense, j’adore faire le design d’outils qui vont me servir, j’aime presque mieux ça que de faire les guitares ». Une telle passion que de travailler le bois lui viendrait de son passé à étudier la gestion forestière puis le design de meubles. La famille y serait aussi pour beaucoup, lui qui a grandi sur une ferme dans une famille de 12 enfants et qui devait se servir de ses mains.
Du son dans le sang
La sonorité de ces guitares est pleine, c’est gros et c’est ce qu’adore Michel Payment, qui gratte la première guitare arborant un loup sur son manche. Michel disait à propos de sa guitare: « Elle sonne immense. Le son c’est c’que je cherche dans une guitare et celle-là, t’as pas besoin de te coller sur les micros en spectacle. Je m’en vais enregistrer à Nashville et c’est ma guitare du loup qui vient avec moi ». André s’amuse à comparer le son aux grandes entreprises qui fabriquent des guitares à la chaîne: « Quand je regarde les guitares à vendre dans les magasins, je trouve ça impressionnant. Elles coûtent pas cher et elles ont un super beau fini, visuellement elles sont parfaites, mais elles sonnent comme du plywood. […] Moi, j’aime cet instrument-là pour le son ».
Dans les fabrications artisanales d’André Forget, le « arm rest » et le « rib rest » se sont ajoutés au fil du temps, qui sont des courbes sculptées rendant l’instrument beaucoup plus ergonomique, comparativement à la forme traditionnelle: « j’ai une passion pour l’ergonomie, les guitares que je fabrique doivent être confortables, en ajoutant ça on peut jouer beaucoup plus longtemps ».
Artistes locaux
On les a vu entre les mains des musiciens locaux, Joëlle Roy en a deux, notamment la première classique qu’a construite André, une guitare à la thématique de l’opéra-blues Capitaine, avec son pont en forme d’ancre de bateau et une rosette en gouvernail, une guitare qui daterait de 1997: « André il fait des guitares à vie. Ce sont des oeuvres d’art ». Michel Payment, quant à lui, gratte la sienne depuis des années, la première avec le design du loup dans la tête du manche: « Cette guitare-là fait partie intégrale de mon branding, elle est à mon image, quand je vais dans les classes, on m’appelle monsieur loup ».