Ghislaine Laurin et Pierre Sarazin autour du monde: Partie 2

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On retrouve Ghislaine Laurin en Thaïlande lors de leur grand voyage et elle disait: «Nous voyageons aussi pour la bouffe! Il n’y a rien de mieux qu’un repas traditionnel thaïlandais de pad thai et de caris pour plaire aux papilles gustatives»!

Maxime Pronovost

Thailande, début du coronavirus

Pour le couple, le voyage s’est poursuivi en Thaïlande: « c’est facile la Thaïlande après l’Inde, la bouffe était plus variée, quand tu manges super épicé pendant un mois, d’arriver en Thaïlande où c’est pas cher, de pouvoir manger des nouilles, ça fait changement et ça a fait du bien ».

« Bangkok ça ressemblait à Disneyland à comparer de l’Inde » comme disait Pierre. À mentionner que pour les voyageurs qui font du « backpacking », l’Inde représente une des destinations les plus complexes pour une multitude de raisons, pour une question d’hygiène et de nourriture. La Thaïlande, bien que très populeuse aussi, permet quand même d’avoir accès à une immense variété de nourriture dûe à une très forte popularité du pays pour le tourisme.

« On y restait un mois en Thailande et on a appris l’existence du premier cas de coronavirus le 26 janvier, pendant qu’on était en retraite de méditation. Une personne à Bangkok avait le virus. On riait un peu de ça, on ne prenait pas ça au sérieux, on était dans un pays où les gens n’en parlaient pas…. Y avait des cas, mais l’endroit était bourré de touristes et personne n’en faisait un cas. […] Au début on croyait que c’était une maladie de pays riche, comme une grippe qui se déplace, mais en réalité ça affecte tout le monde. Finalement c’est l’entièreté de la planète qui est touchée ».

Tester tout le monde

Ghislaine et Pierre se déplacent désormais vers le Laos, un pays communiste où les temples bouddhistes sont nombreux, l’architecture y est attrayante et les paysages montagneux semblent appartenir à un autre monde.

« Au Laos, le pays le plus pauvre de l’Asie, on s’attendait à de belles choses, c’est un endroit vraiment pas cher où les voyageurs vont pour boire et faire la fête. Le Laos semble délaisser sa culture au profit du tourisme. Là-bas, il y avait une certaine organisation qui se créait autour du coronavirus. À l’entrée et à la sortie du pays, ils prenaient la température de tout le monde avec des appareils infrarouges ».

Plusieurs barrages routiers ont été érigés à plusieurs endroits dans le monde pour tester les gens qui présentent des symptômes de la fièvre. Le test s’est montré très efficace pour détecter rapidement la température des gens. En Chine, lorsqu’une personne fiévreuse était attrapée lors d’une opération de barrage, on l’envoyait directement dans un hôpital sans plus tarder, la personne allait être séparée de ses proches immédiatement et placée à l’écart du reste de la population non-affectée.

Australie, Nouvelle-Zélande et retour imminent

Avant la Nouvelle-Zélande, Ghislaine et Pierre passaient trois jours en Australie, un simple détour qui leur a permis de visiter rapidement la Gold Coast et Brisbane: « En Australie, y avait rien comme restriction, pas de question, on nous souhaitait la bienvenue et c’était tout ».

Une fois en Nouvelle-Zélande, ils ont fait l’achat d’un Mazda MPV avec un évier et un lit pour mieux voyager: « c’est facile d’acheter une fourgonnette modifiée en campeur, les gens achètent ça et le revendent en partant. La Nouvelle-Zélande est très dispendieuse et en fonction de notre budget, on essayait de surveiller le plus possible, surtout après s’être fait voler au début du voyage, on a revu notre façon de consommer (rires) ».

« En Nouvelle-Zélande le 13 mars, on nous donnait un dépliant, si on faisait de la fièvre, on se faisait dire « appelez-nous en cas de symptômes » on a senti la panique augmenter rapidement ».

Ghislaine et Pierre sont restés une semaine et demie en Nouvelle-Zélande et y ont vu des changements majeurs dans toute la réaction du gouvernement et du peuple face au virus: « en 48 heures on a vécu tout un changement, au début, il n’y avait rien. Ensuite, on a entendu qu’il fallait rentrer au pays au plus vite. Ça a été de l’anxiété pendant 4 ou 5 jours. Au début il n’y avait pas de panique, ça c’est quand il n’y avait pas encore de restrictions. En allant en Nou-velle-Zélande, le but était d’y passer 6 semaines, en réalité on a passé 11 jours à planifier le retour. On a quand même pu faire une randonnée.

On était au sud de l’île au départ, et on devait quitter à partir du nord de l’île pour notre vol. Se rendre à l’aéroport, c’est 20 heures de route, plus un traversier, c’était du stress de revenir tout le long. On a essayé d’en profiter comme on pouvait. On ne dormait plus, et il y avait l’effet du décalage horaire avec ça… Puis on voyait les mises à jour de Justin Trudeau sur Internet et on voyait les restrictions canadiennes augmenter ».

Puis les messages de Justin Trudeau les interpelaient directement: « Les canadiens, si vous êtes à l’étranger, c’est le temps de revenir ». Selon eux, techniquement, il aurait été correct de rester en Nouvelle-Zélande: « on était en sécurité, on dormait dans le campeur, le premier réflexe était de rester là-bas. C’était impressionnant la rapidité de réaction quant aux niveaux d’urgence, en 48 heures ils ont tout fermé. Ils sont passés d’aucune restriction à faire un lock-down complet, rapidement. Une amie nous a appelés, elle travaillait au gouvernement néozé-landais et nous a dit « Sortez du pays au plus sacrant ».

Ajoutez à ça le fait qu’il leur fallait vendre la fourgonnette avant de revenir au pays, ce qu’ils sont arrivés à faire sans trop de complications.

21 heures de vol de Auckland à Los Angeles, Chicago, puis finalement Toronto. L’inconfort tout au long du retour était constant: est-ce qu’ils allaient attraper le virus: « Les gens nettoyaient tout dans l’avion avec des lingettes ».

Du 15 juillet 2019, à la fin mars, leur périple a pu durer 8 mois et demi. Ils n’ont pas pu compléter leur itinéraire tel que souhaité: « On voulait aller en Indonésie et au japon, visiter quelques états américains ». Gageons que ce n’est que partie remise.

Au moment de l’entrevue, Ghislaine et Pierre étaient en isolement à Trenton, dans un appartement. Pour eux, le plus frappant durant le voyage: « […] la désillusion, On a aimé ça, c’est pas aussi romantique que ça en a l’air. Voyager devient toute ta vie et ça devient ton quotidien. Le but, c’était de voir les cultures de partout et de constater comment les gens vivent. On voulait toucher à toutes les grandes régions du monde. J’sais pas comment décrire ça, mais on est devenu plus compréhensifs de la situation des gens. Maintenant, on a hâte de retrouver une routine ».

« On est très chanceux d’avoir un appartement pour s’isoler. Aucune mesure gouvernementale n’a été faite pour s’assurer de notre isolement, certains ne peuvent peut-être pas bénéficier d’un endroit. C’est beau de dire « isolez-vous » mais c’est impossible pour certaines per-sonnes d’avoir accès à ça. Y a des gens qui dorment dans leurs voitures, j’comprends pas qu’il y ait un manque de leadership à ce point là ». Quelques heures plus tard, nous apprenions que le gouvernement avait mis en place des lieux tenus secrets afin de mettre les voyageurs de retour au pays en quarantaine forcée.

Le retour de Ghislaine et Pierre au pays n’a pas été de tout repos. Aux dernières nouvelles ils allaient bien et ne ressentaient pas de symptômes du coronavirus.