La révision du registre des Métis de la nation métisse de l’Ontario confirme que près de la moitié de ses citoyens et citoyennes proviennent de la région des Grands Lacs.
Micheline Marchand
– IJL Réseau.presse
– Le Goût de vivre
Au cours de l’été, la Nation métisse de l’Ontario (NMO) a tenu des rencontres de consultation à l’échelle provinciale pour présenter les résultats de l’examen de leur registre. Ce processus, entamé en octobre 2017, a été confié à la firme Know History. Cet automne, un vote déterminera les prochaines étapes dans ce dossier.
Une démarche nécessaire
Ron Lepage de Lafontaine, le président du Conseil métis de la baie Georgienne, un des 31 conseils régionaux de la NMO, affirme que: «Pour des raisons de crédibilité, une révision de la citoyenneté s’imposait.» Selon lui, dresser un portrait clair de ses citoyens et de ses citoyennes était nécessaire pour permettre à la NMO de mieux les représenter lors des négociations qui découleront de l’entente signée en 2019 entre le gouvernement canadien et la NMO. Cette entente historique reconnaît le mandat de la NMO et confirme le droit des Métis de l’Ontario à l’autodétermination.
Lors de cette révision du registre, chaque dossier de citoyenneté a été examiné. Une nouvelle carte de citoyenneté a été remise à toute personne qui pouvait satisfaire à quatre critères, soit : s’auto-identifier en tant que Métis, prouver son ascendance historique à la Nation métisse, démontrer des origines distinctes des autres peuples autochtones et être accepté par la Nation métisse.
Le terme «métis» suscite de la confusion
Les efforts pour mieux définir les membres de la Nation métisse visent aussi, en partie, à dissiper la confusion qui existe sur le sens canadien du mot métis, surtout en français.
Le peuple Métis a vu le jour sur son territoire traditionnel qu’il a occupé dans des régions du centre et de l’ouest de l’Amérique du Nord, notamment celle des Grands Lacs. Les Métis au Canada sont issus des unions entre des Européens et des Premières Nations provenant de ces territoires. Ils sont un peuple autochtone canadien distinct des Premières Nations et des Inuits.
Contrairement aux Premières Nations, les Métis n’ont pas un « statut d’Indien », avec une carte de statut et un numéro d’inscription au registre des Indiens du gouvernement fédéral. Les citoyens et citoyennes de la Nation métisse de l’Ontario ont accès à des programmes particuliers et ont des droits de chasse sur leurs territoires traditionnels s’ils obtiennent une carte de récolte auprès de la NMO.
Depuis la création de la NMO en 1993, la définition de la citoyenneté s’est précisée. Aujourd’hui, les critères établis par l’arrêt Powley de la Cour suprême du Canada en 2003 déterminent si une personne peut profiter des droits légaux accordés aux Métis. La décision dans l’affaire Powley faisait suite à dix ans de lutte judiciaire par les Métis Steve et Ronny Powley accusés de chasse illégale au Sault-Ste-Marie.
Dans la vidéo diffusée par la NMO, «A case study in excellence», Margaret Froh, la présidente de la NMO, rappelle l’importance de cette victoire. Elle affirme que: «Le canot de tout le monde a flotté avec cette victoire en ce sens qu’elle a finalement signifié la reconnaissance des droits des Métis et a finalement conduit à la reconnaissance officielle de nos gouvernements métis.»
La NMO s’est donc donné les moyens d’établir un système centralisé d’enregistrement de la citoyenneté métisse et une liste de citoyenneté basée sur des critères rigoureux découlant de la définition de Métis adoptée par la NMO en 2004, suite à l’affaire Powley.
Le bilan de l’examen du registre : 17 014 dossiers complets
Sur les 23 978 dossiers de citoyenneté de la NMO revus lors de l’examen du registre, le rapport a confirmé que plus de 17 014 dossiers étaient complets. De ce nombre, 13 110 individus peuvent faire remonter leurs origines à une communauté métisse de l’Ontario. Environ 39 % ou 5 082 des citoyens et citoyennes de la NMO ont des liens ancestraux à deux ou plusieurs des sept communautés métisses historiques de l’Ontario. De plus, 4 000 personnes sont liées à des ancêtres provenant de l’Ouest canadien.
Le rapport révèle aussi que les racines de 49 % de la citoyenneté de la NMO, soit 8 332 individus, sont liés à la communauté métisse des Grands Lacs, qui a été reconnue par la Cour suprême du Canada dans le cas Powley et comprend : Penetanguishene/ baie Georgienne, Thunder Bay, Michipicoten, Sault-Ste-Marie et Killarney.
La révision du registre a déterminé que 22,5 % des dossiers de citoyenneté actuels de la NMO, soit ceux de 5 402 individus, restent incomplets.
Selon Ron Lepage, Know History poursuit la vérification et les recherches pour aider les gens à compléter leurs dossiers. Il explique que, pour l’instant, même si ces personnes n’ont pas droit de vote à la MNO, elles continuent d’avoir accès à ses services.
Des dossiers traités plus efficacement
La NMO a déjà établi l’existence de 88 lignées familiales dans sept régions historiques. Grâce à l’examen du registre et à la mise sur pied d’une base de données, les dossiers pourront être traités plus efficacement et les personnes liées à une famille métisse historique pourront éviter la duplication du travail.