Daniel Marchildon
La famille Hardcastle-Roebuck, les propriétaires de la cabane originelle des premiers habitants de la baie du Tonnerre, la famille Labatte, construite en 1834, sont d’accord que la maison devrait être conservée, mais pas sur leur terrain. Ils voudraient bien que le Georgian Bay Métis Council (GBMC) la sorte du bois et la fasse transporter ailleurs. Or, bien que les propriétaires disent qu’ils discutent avec le GBMC pour réaliser ce projet le plus rapidement possible, même avant la fin de l’été prochain, le refus pour l’instant du Comité du Patrimoine du canton de Tiny de désigner la maison comme un bien patrimonial, et sa décision de simplement maintenir son statut de propriété inscrite au registre des structures patrimoniales n’assure en rien sa protection.
La réunion spéciale du Comité du patrimoine pour discuter de la maison Labatte le 8 mars dernier a duré à peine 30 minutes. Le Comité a entendu une présentation par Michael Roebuck au nom des propriétaires de la maison historique. Ces derniers ont décidé de retirer leur demande de retrait du registre des structures patrimoniales. Les propriétaires veulent poursuivre des discussions entamées avec le GBMC pour aboutir au déménagement de la maison et sa prise en charge par d’autres. Ainsi, pour les propriétaires, conserver la maison là où elle se trouve ne serait pas une option.
Après avoir remercié très chaleureusement M. Roebuck et sa famille, le Comité a jugé qu’il n’était pas nécessaire de discuter des 21 communications envoyées au Conseil municipal de Tiny par des individus et des organismes pour exiger la préservation de la maison. Un tel intérêt du public pour une question patrimoniale ce n’est quand même pas rien ! De plus, le Comité, compte tenu du fait que la famille a retiré sa demande de retrait du registre des structures patrimoniales, a décidé de ne pas considérer la demande présentée par le GBMC pour faire désigner la maison comme bien patrimonial à ce moment. Ainsi, le Comité a rapidement adopté une résolution qui propose entre autres que :
« Quand le personnel et le Comité consultatif du Patrimoine effectuent leur révision du processus pour l’inscription et le retrait du registre des structures patrimoniales y compris la désignation de biens patrimoniaux, que la demande pour désigner le 89 West Shore Drive (maison Labatte) comme bien patrimonial soit considérée à ce moment-là. » (traduction libre)
Cette résolution adoptée à l’unanimité reporte à une date indéterminée la possibilité de véritablement protéger la maison Labatte, car il n’y aucun calendrier pour cette fameuse révision du processus de désignation. Par ailleurs, il a été mentionné que le GBMC espérait que cette désignation viendrait appuyer sa recherche de financement pour la conservation et un déménagement de la maison.
La présidente du Comité du patrimoine, Gillian Reynolds, a déclaré que, selon elle : « La désignation ici serait prématurée. » Elle a noté qu’elle craignait que la désignation rende le déménagement de la maison impossible. L’employé du canton de Tiny, Shawn Persaud, le directeur de la Planification et du développement qui participait à la réunion en tant que personne-ressource, a opiné que si la maison était désignée le conseil municipal aurait l’obligation d’annuler la désignation afin de permettre son déménagement.
Même si une telle mesure s’avérait nécessaire, pourquoi refuser de désigner la maison tout de suite? Puisque le Comité s’entend pour dire que la maison est un joyau patrimonial, la priorité ne devrait-elle pas être d’abord d’assurer sa protection? Si la maison est désignée, il devient alors possible de prendre le temps de bien considérer toutes les options et d’aller chercher les appuis, les ressources et le financement nécessaires pour réaliser celle qui est préférable. Ce processus ne peut pas se faire dans quelques mois. Rappelons-le : sans désignation, il n’y a pas de véritable protection.
Le Comité du patrimoine semble tenir pour acquis que le déménagement demeure la seule et unique possibilité sans avoir la moindre réponse aux nombreuses questions qu’elle suscite, notamment à savoir si c’est techniquement faisable, qui payerait pour une telle opération, où le bâtiment pourrait-il être installé et qui s’en occuperait par la suite ?
Et si ce beau plan s’avère irréalisable, quel est le plan B? La question n’a pas été posée aux propriétaires. Pour eux, c’est peut-être la démolition. Tant que la maison demeure simplement inscrite au registre, cette option est possible.
Même si le Comité du patrimoine donne l’impression de croire que, maintenant que les propriétaires discutent avec le GBMC, il n’a plus à se préoccuper du dossier, la maison est loin d’être sortie du bois. Si elle était désignée bien patrimonial, il y a une chance qu’elle pourrait restée dans le beau bois de la baie du Tonnerre où elle a vu le jour et ainsi demeurer le joyau de notre patrimoine qu’elle constitue depuis près de deux siècles.
photo Micheline Marchand
La cheminée de la maison historique de la famille Labatte de la baie du Tonnerre. À sa réunion spéciale du 8 mars dernier pour discuter de la maison, le Comité du patrimoine de Tiny a reporté la possibilité de protéger la maison en la désignant bien patrimonial. Le Comité espère que les propriétaires s’entendront avec le Georgian Bay Métis Council pour que la maison soit déménagée.