Claudette Paquin
Qui est-elle?
Kelly Burke, Commissaire aux services en français, est une Franco-Ontarienne de Cornwall. Elle y est née et y a fréquenté les écoles françaises. Son école secondaire La Citadelle de Cornwall a eu des liens étroits avec notre région. En effet, plusieurs élèves et parents de l’école secondaire de la Résistance, puis de la Huronie, à Penetanguishene, se souviendront de Jeannine Séguin, qui a tant appuyé nos élèves et parents durant la crise scolaire. Eh bien, Mme Séguin était la directrice d’école de Kelly Burke…le monde est petit!
De plus, Mme Burke était sous-ministre adjointe à l’Office des Affaires francophones lors des célébrations du 400e de l’arrivée de Champlain à Penetanguishene et elle et son équipe nous ont donné un fier coup de main afin d’en assurer le succès. Lors de l’entrevue que j’ai faite avec elle, elle a tenu à saluer la francophonie de la région et à exprimer son bonheur d’avoir pu partager ce grand moment historique ici même avec nous.
Les débuts en pleine pandémie
Mme Burke débute son travail de Commissaire en janvier 2020. Dès le départ, elle est très consciente de la controverse créée par quelques mesures gouvernementales touchant les services en français en Ontario. En autres, l’intégration du Commissariat aux services en français au sein du bureau de l’Ombudsman de l’Ontario et le fait que le poste se rapporte désormais à l’ombudsman et non plus à l’Assemblée législative de l’Ontario.
Ses objectifs principaux, en partant, consistent donc à motiver son équipe et à mettre ses compétences et son expérience en jeu afin d’apporter une stabilité et une crédibilité aux services en français au sein d’un organisme (Ombudsman) qui, jusque là, fonctionnait surtout en anglais. C’est un changement de cultures pour les deux organismes et l’intégration devient le premier défi à relever. Le succès futur doit donc passer par la sensibilisation de cet organisme à l’importance de garantir des services en français équivalents et de qualité. En effet, le bureau de l’ombudsman recevait quelques plaintes en français alors qu’avec l’intégration du commissariat aux services en français, les plaintes entrent en nombre, et cela chaque jour.
Et puis BANG! La pandémie frappe début mars 2020! La technologie aidant beaucoup, Mme Burke continue de bâtir son équipe et de planifier le travail du commissariat en mettant l’accent sur la transmission du savoir au sein de l’équipe intégrée et sur les meilleures pratiques de travail dans ce nouveau contexte.
Si la pandémie met un frein aux rencontres en personne, tant à l’Interne qu’avec les communautés en province, et cela jusqu’en juin 2022 (!), cela ne met pas un frein aux contacts multiples avec les communautés et avec les sous-ministres des divers ministères, sous-ministres qu’elle connaît d’ailleurs très bien puisqu’ils étaient ses pairs. C’est d’ailleurs au niveau des sous-ministres qu’elle voit les solutions à apporter car ce sont elles et eux qui peuvent s’assurer que «ça percole dans les administrations », dit-elle au sujet des améliorations à apporter aux services en français. Elle considère également que les bons liens entretenus avec la ministre responsable des services en français, l’Honorable Caroline Mulroney, et l’ouverture de cette dernière au fait français en Ontario, font en sorte que les messages passent aux niveaux administratifs.
Pénurie de personnel – Un défi
Dans plusieurs communautés, les postes désignés sont souvent d’abord des postes d’entrée, tels que commis, réception, etc.) qui sont donc des postes d’accueil aux clients. La pénurie de personnel est un phénomène national et n’épargne pas l’offre des services en français. C’est une problématique identifiée par le commissariat. La planification devient, ici, encore plus importante et Mme Burke voit au moins deux pistes de solution. Lorsque c’est possible, l’accent est mis sur l’offre des services par le biais de la technologie, c’est-à-dire des sites web en français. On n’a qu’à penser au renouvellement des permis de conduire, de la carte santé, etc. Lorsque l’offre requiert des services en présentiel, surtout dans le cas des postes d’appui professionnels, la pénurie sera contrée, à moyen et à long terme, par l’éducation et la formation des francophones dans ces secteurs professionnels. D’où son rapport sur la situation à l’Université Laurentienne et l’importance d’avoir des institutions dans le Nord qui forment les francophones qui, on l’espère, y resteront pour exercer leur profession.
Et comment garder des employés bilingues dans des postes d’entrée? Outre des avantages normaux offerts, elle favorise beaucoup la mise en place de mesures de rétention, telles que proposer à ces employés de développer, avec elles et eux, un plan de carrière au sein de l’organisme, agence ou ministère.
La tournée
Cet automne, Mme Burke entreprend une tournée provinciale des communautés en virtuel dans certaines villes et en présentiel dans d’autres, comme Ottawa, Sarnia, Penetanguishene et Toronto.
Quels sont ses objectifs de tournée?
Elle nous dit : «Entendre la voix des francophones partout en province; leur parler de mon rôle, du sérieux que j’accorde aux plaintes, et de l’importance de la planification pour bien se positionner pour l’avenir». Elle ajoute : «il est important de comprendre que toutes les communautés vivent des situations semblables, mais de façon différente, donc comment tu te positionnes pour y faire face».
Le message central, lors de cette tournée, est : «offrir un service équivalent et sans délai, peu importe la complexité de ce faire», dit-elle, en offrant l’exemple de la fameuse alerte Amber en anglais en Ontario. Ç C’était complexe car cela impliquait beaucoup d’intervenants et pas seulement en Ontario à commencer par la Police provinciale de l’Ontario et la Sûreté du Québec (entre autres). « Le sous-ministre au ministère du Solliciteur général de l’Ontario, mis devant la situation, a immédiatement dit qu’il fallait faire mieux».
Un autre message qu’elle transmettra à la communauté est que toutes les plaintes sont importantes, qu’un accusé de réception sera envoyé en dedans de 24 à 48 heures, et que le dossier ne sera pas fermé tant qu’il n’y aura pas de résultat. Elle continuera de publier ses rapports annuels qu’elle voit comme des compte-rendus des démarches et des résultats.
En terminant, à la question sur son avenir professionnel, elle indique d’emblée : «C’est un travail valorisant! Car on a des défis et on a des résultats concrets».