Place à la vérité et à la réconciliation

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Le lieu historique provincial Sainte-Marie-au-pays-des-Hurons a souligné la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation le 30 septembre dernier. Ce site provincial opéré par les Parcs historiques de la Huronie offrait différentes activités en présentiel et en mode virtuel, abordant les impacts des pensionnats autochtones et des systèmes coloniaux.

Annique Maheu

IJL – Réseau.Presse 

– Le Goût de vivre

            Situé dans l’ancienne Wendake, maintenant connue sous le nom de la Huronie, Sainte-Marie était le siège de la mission jésuite française auprès de la nation Wendat (Huronne) de 1639 à 1649. Les jésuites qui habitaient cette première communauté européenne de l’Ontario étaient voués à la propagation du catholicisme auprès des Wendats. Allant de village en village, ils s’initiaient à la langue et aux coutumes wendates, tout en prêchant le catholicisme auprès de ce peuple ayant déjà croyances, rites spirituels et une profonde vision du monde.

Retour dans le temps… dans tous les sens?

            Depuis 1964, le lieu historique est un attrait touristique et historique qui invite son public à retourner à cette époque coloniale. «Au lieu historique, nous sommes engagés à partager une interprétation historique solide. Reconnaître et partager les histoires du passé et les relations interculturelles des Français et des Hurons-Wendats fait partie de notre travail quotidien» explique Mikaela Lefaive, coordonnatrice en marketing et relations médias à Sainte-Marie-au-pays-des-Hurons.

Une vraie forme de participation ou un acte symbolique?

            Le lieu est maintenant un point de rencontre entre valeurs et moeurs européennes du 17e siècle et celles d’un Canada qui affronte les dures vérités de son passé colonial et de son impact sur les peuples autochtones tout en cherchant la voie de la réconciliation.  

            Dans le discours d’accueil de l’événement du 30 septembre, Del Taylor, employé autochtone et superviseur d’équipe à Sainte-Marie-au-pays-des-Hurons, fait écho de cet objectif. M. Taylor affirme que «tous peuvent apprendre et participer au processus, en lisant le rapport de la Commission de vérité et de réconciliation du Canada, en regardant des vidéos, en étudiant les faits qui, en effet sont troublants.»

            «Nous sommes nous aussi sur un parcours d’apprentissage. Mais je peux dire avec confiance que nous allons dans la bonne direction. Nous sommes tous de plus en plus conscients de l’importance de la vérité et de la réconciliation et des séquelles du système des pensionnats indiens sur les peuples autochtones» affirme Mme Lefaive. 

            Selon Mme Lefaive, les activités de la Journée de la vérité et de la réconciliation s’inscrivent dans un plus grand projet à ce lieu historique. Parmi les changements, elle indique que les employés reçoivent de la formation continue sur la compétence culturelle et la vérité et réconciliation. De plus, le lieu compte maintenant sur des partenariats avec des organismes, intervenants et consultants autochtones pour l’élaboration de leurs programmes, dont leur nouvelle vidéo d’introduction. Du côté de la boutique celle-ci fait la vente de produits conçus et fabriqués par des artisans autochtones. Le site offre donc un meilleur accès grâce à sa programmation en ligne et encourage la participation à la Journée nationale des peuples autochtones et la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation en proposant des entrées sans frais aux membres des peuples autochtones. De plus, le lieu historique compte maintenant une exposition permanente sur les 94 appels à l’action résultant de la Commission de vérité et de réconciliation.

La vérité et la réconciliation avant la Commission

            Pour Jennifer Brunelle, artiste autochtone et animatrice d’activités présente lors de la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, l’événement du 30 septembre et ce lieu d’histoire coloniale ont une grande importance pour elle et pour sa famille.

            «Ma mère, Marie Brunelle, a été la première employée autochtone au lieu historique dans les années 1980. C’est elle qui a commencé la programmation représentant la culture autochtone. Étant elle même survivante de la rafle des années 60 alors que sa mère a survécu aux pensionnats autochtones, son expérience à Sainte-Marie a permis à notre famille de renouer avec notre culture autochtone et à mieux apprendre qui nous sommes» explique Mme Brunelle.

            Rappelons que la rafle des années 60 était une politique gouvernementale canadienne responsable de l’enlèvement de milliers d’enfants autochtones de leur milieu familial afin qu’ils soient adoptés par des familles non autochtones.

L’avenir

            Pour Mikaela Lefaive, le lieu historique va continuer d’être un vecteur d’éducation, grâce à ces changements. «Grâce au dialogue continu et aux possibilités d’apprentissage avec nos partenaires communautaires autochtones, il y a eu des changements positifs et une croissance à Sainte-Marie-au-pays-des-Hurons. Nous sommes motivés de continuer à prendre toutes initiatives concernant le travail important et continu de la vérité et de la réconciliation» explique Mikaela Lefaive.