Micheline Marchand
Qu’est-ce qui fait battre le cœur du village de Lafontaine ? Les gens, bien sûr. Mais, il y a aussi les lieux où ils vivent et se rassemblent.
Le projet Lafontaine 1950-1970, un projet virtuel patrimonial de la Meute culturelle de Lafontaine, lancé le 28 octobre dernier, braque les projecteurs sur 5 de ces lieux clés des années 1950-1970 : l’église Sainte-Croix, la salle paroissiale, la coopérative agricole de Lafontaine (la « moulange »), le magasin général de la famille Desroches et celui de la famille Gignac.
Des témoignages présentés dans 39 vignettes vidéo de longueur variée entre 29 s à 4 min 40 s sont diffusés en ligne sur le site web du Festival du loup sous l’onglet Le musée vivant. Douze personnes interviewées par Joëlle Roy partagent quelques souvenirs et impressions au sujet de ces lieux emblématiques, soit : Sabin Charlebois, Augustin Desroches, Rachel Desroches, Rosita (Robitaille) Desroches, Basile Dorion, Lionel Gignac, Marie-Jeanne Gilbank, Léola Houle, Jean-Baptiste Marchand, Réjeanne (Marchildon) Marchand, Georgette (Charlebois) Robitaille et Roger Robitaille.
Selon Joëlle Roy, la directrice générale de la meute culturelle de Lafontaine : « Le but, est de raconter cette époque et la faire raconter par ceux et celles qui l’ont vécue. »
Voici quelques savoureux brins d’histoires du village de Lafontaine relatés par ces gens fiers de leur communauté et de la richesse de son histoire.
Le père Marchildon au cœur de la vie paroissiale
À l’époque, le curé de la paroisse, le père Thomas Marchildon était au cœur de la vie paroissiale. En plus d’officier les rites religieux, telles les vêpres, la fête Dieu… il a initié les cercles coopératifs qui ont mené à la culture de la patate de semence et des projets communautaires tels que la création de la coopérative agricole et la construction de la salle paroissiale. Augustin et Rosita (Robitaille) Desroches se rappellent des pièces que montait le père Marchildon à la salle paroissiale, notamment celle du Loup de Lafontaine qu’il avait écrite en 1955. Réjeanne (Marchildon) Marchand se souvient que cet homme, qui aimait beaucoup le jardinage, avait planté des arbres et encouragé les gens de la paroisse à en faire autant.
Des gens travaillants et dévoués
Sabin Charlebois raconte le dévouement de ses parents, Anatole et Bernadette (Maurice) Charlebois qui, pendant de nombreuses années, ont rempli l’église de chants chaque dimanche, lors de nombreuses fêtes religieuses et à l’occasion de mariages et de funérailles.
Il y avait 2 magasins généraux à Lafontaine.
Dans les deux cas, les enfants se souviennent des longues heures de travail des propriétaires. Au magasin de Marcel et Albertine (Puetz) Gignac, c’était 7 jours sur 7 passés à exploiter ce commerce de 8 h à 22 h. « Même le jour de Noël c’était pas vacances, c’était jour de trvail », précise Lionel Gignac.
Au magasin de Lawrence et Gertrude (Brunelle) Desroches, seule une porte séparait le lieu de vie de celui du travail. La vie de la famille se déroulait au rythme de celle du magasin. Rachel Desroches et ses 8 frères et sœurs aînés ont tous mis la main à la pâte pour aider leurs parents dans le commerce. « Tout comme les fermiers devaient travailler sur la terre, explique-t-elle, (…) mon père, il n’était pas pour choyer ses enfants. Il avait besoin de l’aide. Alors, je me rappelle, puis j’ai su aussi de mes frères et mes sœurs que, dès leur petite jeunesse, ils ont travaillé dans le magasin. Même moi-même, alors, j’ai commencé, je pense, à l’âge de 8 ans déjà dans le magasin. Puis sais-tu, même à prêter du crédit, je savais exactement comment faire ça, dans le gros calepin de papa. »
On trouve de tout à Lafontaine
Pas besoin d’aller si souvent en ville quand on trouve de tout au village.
Les personnes interviewées mentionnent que dans la section quincaillerie de la coopérative agricole, on vendait par exemple, des boulons, des brouettes, de l’engrais chimique, du ciment. Du côté du magasin général, on vendait entre autres de la viande, des fruits et légumes, des pâtisseries, des produits hygiéniques, de l’huile à lampe, des salopettes, des outils, du sel de vache et des bonbons pour le plaisir des enfants.
Les rencontres mémorables
Venir au village pour se ravitailler ou pour prier, c’était aussi l’occasion de rencontrer des gens, que ça soit à l’entrée de l’église, au magasin général ou autour de la machine à coke à la « moulange ».
En plus des rencontres informelles, les gens se rassemblaient lors de fêtes ou d’événements organisés. Rosita (Robitaille) Desroches se remémore les bingos à la viande, les repas de pâtés au poulet de la longue fin de semaine de juillet et les danses de la veille du jour de l’An. Selon elle : « Il y avait beaucoup de préparation avant la danse, peut-être deux jours avant, un groupe de dames se rencontrait à la cuisine. On faisait des salades de toutes les sortes. Il y avait toujours au minimum de 7 à 8 différentes salades (…) du dessert, il y en avait pour les fous puis les fins. Puis il y a bien des gens qui nous disait par après, moi je serais allé à cette danse-là même si ça avait été rien que pour le lunch, tant qu’ils appréciaient.
Joëlle Roy indique que selon le financement, la Meute culturelle de Lafontaine ajoutera des tranches au projet. Souhaitons que ça soit le cas pour que d’autres voix, d’autres témoignages s’ajoutent à ceux déjà recueillis afin de continuer à faire battre le cœur historique du village.