La fermeture de la succursale de la Banque Scotia de Penetanguishene en mars dernier a plongé de nombreux résidents de la région dans l’incertitude de pouvoir conserver leur comptoir de services bancaires à proximité de leur milieu de vie. Plus récemment, la fermeture de 4 succursales Desjardins dans l’Est ontarien a ravivé son lot d’inquiétudes chez de nombreux membres de la succursale Desjardins située à Midland.
Hubert Théberge
– IJL Réseau.Presse
– Le Goût de vivre
Augmentation des opérations bancaires en ligne
Mme Néomie Duval qui est conseillère principale aux communications a accepté de répondre à nos questions au nom du Mouvement Desjardins. Au sujet du maintien de la succursale Desjardins de Midland, Mme Duval affirme « qu’aucune modification n’est planifiée au réseau de distribution dans la région de Midland ». Aucun plan à court terme donc pour fermer le comptoir de Midland, mais la tendance des membres à faire leurs opérations en ligne pourrait possiblement rendre les services en personne de moins en moins utilisés : « chez Desjardins, seulement 1 % des transactions sont réalisées aux comptoirs caissiers et à peine 3 % des transactions sont faites aux guichets automatiques. La tendance est similaire pour la succursale de Midland » avance Mme Duval.
La conseillère n’exclut pas non plus la possibilité de l’ouverture d’une nouvelle succursale dans la région de la baie Georgienne. Selon Néomie Duval, la priorité de Desjardins est de s’adapter aux besoins de ses utilisateurs et s’il y a une demande croissante pour un nouveau comptoir c’est possible que les habitants de la région le voient apparaître.
Redonner au milieu
Si rien n’est garanti au niveau des comptoirs de services, Néomie Duval est fière de dire que Desjardins se distingue des autres institutions bancaires par son impact dans le milieu : « seulement en 2024 nous avons commandité « Noël au village » de Lafontaine et le «Festival de tartelettes» de Midland. De plus, au cours des dernières années nous avons tenu à faire la différence pour les francophones de la région avec des dons importants faits entre autres à La Clé de la Baie et au Club de l’âge d’or de Lafontaine pour le « Sentier des pionniers ». La bienveillance envers les francophones est dans l’ADN de Desjardins, selon la conseillère aux communications : « Depuis près de 125 ans que l’autonomie financière des francophones est au cœur de notre raison d’être et nous voulons poursuivre dans cette voie ».
On s’attend à quoi du côté des utilisateurs?
Même si selon les statistiques, les transactions bancaires sont de plus en plus présentes en ligne, le service concret et tangible d’un comptoir caissier reste important pour la plupart des utilisateurs que nous avons rencontrés. Pour Monsieur Augustin Desroches, le service en personne est essentiel et fait partie de la relation de confiance qu’une banque doit avoir avec ses clients. M. Desroches est natif de Lafontaine et se souvient de la première caisse du village : « Dans ma jeunesse il y avait la caisse à Lafontaine qui ouvrait dans la cuisine communautaire, le dimanche après la messe. Par la suite la caisse a été reprise par Desjardins, mais le service est demeuré en français. C’est important pour moi et ma femme, car nous sommes de pures francophones ».
La majorité des personnes interrogées souhaitent non seulement que la caisse conserve sa succursale de Midland, mais trouve que certains services manquent en région. Monsieur Joël Dubé, directeur de l’école Sainte-Croix de Lafontaine a été inéquivoque lorsqu’interrogé sur la question : « Les entreprises centralisent leurs services pour faire des économies […] les personnes plus âgées ont encore besoin d’un endroit à visiter pour leurs services ».
Pour Mme Gisèle Mellish le service en personne et en français est de première importance pour la qualité de vie des francophones : « On fait plus confiance lorsqu’on se fait répondre par une vraie personne dans sa langue maternelle ». Elle qui a ouvert son compte à la Caisse de Perkinsfield il y a plusieurs décennies souhaiterait pouvoir accéder à un meilleur service en français dans les milieux hospitaliers de la région : « la différence entre Desjardins et certains services gouvernementaux c’est qu’à la Caisse, on sait en entrant que l’on va se faire répondre en français et qu’on ne dérangera pas le personnel en leur parlant en français ». Gisèle Mellish résume le souhait de l’ensemble des clients que nous avons interrogés : « Ce n’est pas seulement les services en français qui nous manquent, mais des occasions de socialiser spontanément en français en rencontrant d’autres francophones dans des lieux publics comme un café, une épicerie, un hôpital ou encore un lieu spécialement désigné pour les francophones de la région».
C’est peut-être là que se trouve la vraie différence entre le service en personne et l’accès en ligne pour Desjardins; la possibilité d’échanger en français. Au final on pourrait avancer que pour les banques et pour beaucoup de services en français, la meilleure façon de les conserver est de les utiliser et de les réclamer.
Photo: La succursale de la Caisse Desjardins de Midland (Crédit : Hubert Théberge)