Une équipe de bénévoles travaille présentement à la mise sur pied d’un jardin de pollinisateurs à l’école élémentaire Sainte-Croix de Lafontaine. Le 5 mars dernier, l’équipe orchestrée par Denise Petitpas, enseignante à Sainte-Croix, a appris qu’une aide de 1500$ du Fonds mondial pour la nature (WWF-Canada) allait leur être octroyée pour compléter le jardin. Le projet vise à restaurer l’habitat des papillons monarques; une espèce menacée.
Hubert Théberge
– IJL Réseau.Presse
– Le Goût de vivre
Un jardin mobilisateur
Madame Denise Petitpas est enseignante d’Actualisation linguistique en français et est impliquée à plusieurs niveaux auprès des élèves de l’École élémentaire Sainte-Croix. Elle a confié au journal que le projet de jardin de pollinisateurs est né, en septembre 2024, après que Meg Whitton, une maman d’élève, ait proposé à Denise Petitpas de récupérer ses cinq dernières chrysalides (futurs papillons entre l’étape de larve et le stade adulte) de monarques. Étant impliquée dans l’initiation aux sciences des maternelles-jardins, Denise Petitpas a saisi l’opportunité des chrysalides pour mettre sur pied un espace de jardins dédiés à la sauvegarde des monarques. « Lorsque nous avons reçu les chrysalides, toute l’école a pu voir leurs couleurs vertes et or magnifiques. Les enfants ont fait preuve de curiosité et ont pu être témoins du dernier stade du cycle de vie du monarque », a témoigné Mme Petitpas.
Suite à cette expérience, Alek Gauvin, un ami de la maternelle a apporté de chez lui des spécimens d’asclépiades qui sont la seule plante sur laquelle les monarques pondent leurs œufs. Sous l’initiative de Mme Petitpas, les élèves ont appris la technique pour récolter les graines d’asclépiade et ont entamé des recherches pour aménager un jardin pouvant accueillir le plus de monarques possibles sur le terrain de l’école. « Les monarques sont en péril, ils sont une espèce migratoire parcourant près de 4000 km entre le Canada et le Mexique au cours de l’hiver. Ils reviennent au Canada pour y pondre leurs œufs » ajoute Denise Petitpas.
L’enseignante est sans équivoque lorsque questionnée sur l’importance des insectes pollinisateurs : « préserver les monarques et les pollinisateurs est crucial, car ils assurent la reproduction des plantes liées à notre alimentation, soutiennent l’agriculture et indiquent la santé environnementale, leur déclin est un signe de problèmes écologiques », partage Denise Petitpas.
Les différentes étapes de l’aménagement du jardin ont rassemblé plusieurs bénévoles et partenaires de la région, nous explique Mme Petitpas : « en novembre, nous avons accueilli des parents bénévoles dans la cour pour préparer le terrain. Nous avons bénéficié du prêt d’une énorme remorque de la famille Maheu pour enlever la terre. L’asclépiade étant une plante indigène, elle doit passer l’hiver dans le sol afin de passer à travers sa période de «stratification». Au début, la section n’était qu’un petit rectangle de 3 pieds sur 10 pieds de long. Nous avons pu dénicher un partenariat avec l’Association environnementale de Severn Sound qui nous a fait le don de 56 plantes, de 11 espèces de plantes indigènes. Il fallait agrandir notre petit jardin. Avec l’aide de la famille Robitaille, et le prêt de leur tracteur et d’un prêt de la famille Roi d’un motoculteur, Réjean Robitaille a pu labourer la terre sur une plus grande surface pour accueillir toutes les plantes. Le jardin occupe maintenant tout le coin sud-est de la cour d’école ».
Sensibiliser les petits à l’importance des insectes
Le projet de jardin représente une opportunité d’apprentissage pour les enfants de la maternelle-jardin : « ils apprennent sur le cycle de vie du monarque, sur l’importance des pollinisateurs et la nourriture pour les humains et d’autres espèces, sur les cycles naturels tels que les saisons. Ils apprennent sur les rôles de plusieurs insectes dans un jardin, par exemple le ver de terre. Ils ont appris sur le principe de la stratification, la métamorphose, bref, des sujets d’envergure et de profondeur pour des petits bouts de 4 et 5 ans. Ils apprennent également sur le bien-être que nous procure la nature », raconte l’enseignante.
Le journal a rencontré madame Annique Maheu, qui a travaillé sur le projet du jardin et qui est également la mère de trois enfants fréquentant l’école Sainte-Croix. Pour elle, l’ensemble de l’aventure représente des bénéfices concrets à l’éducation de ses enfants : « Nous sommes tellement choyés d’avoir d’excellentes occasions de sensibilisation à l’écologie et à la protection d’espèces en péril pour nos petits de la maternelle jardin à Sainte-Croix! Je souhaite remercier le personnel de l’école qui va toujours au-delà des attentes pour enrichir l’expérience de nos enfants! »
Le directeur de l’École Saint-Croix, monsieur Joël Dubé s’est également dit enthousiaste à propos du nouveau jardin : « le projet de jardin pollinisateur est une occasion hors de l’ordinaire pour nos élèves de comprendre le cycle de la vie des monarques et de faire une différence en leur offrant des occasions multiples de contribuer à notre environnement et de renaturaliser notre cour d’école ».
Lorsque questionnée sur ce que chacun peut faire pour préserver les pollinisateurs Denise Petitpas mentionne que plusieurs actes simples comme le fait de planter des fleurs indigènes, d’éviter les pesticides et de soutenir l’agriculture locale peuvent faire la différence.
Une aide monétaire encourageante
C’est au début du mois de mars que l’équipe du projet a appris que le WWF-Canada leur octroyait un montant de 1500 $ pour la réalisation du projet. La subvention a été accordée par WWF-Canada dans le cadre d’une initiative visant à soutenir 60 écoles travaillant sur des projets désirant créer et restaurer des habitats pour les espèces. Le projet étant déjà bien avancé, Mme Petitpas entend mettre les fonds de la subvention au profit de la sensibilisation et de l’éducation au sujet du monarque : « nous pourrons expliquer l’importance de l’asclépiade pour la survie du monarque et pourquoi les jardins de pollinisateurs sont essentiels à la survie de d’autres espèces comme l’abeille. Nous pourrons créer des panneaux informatifs pour les plantes et les pollinisateurs que nous souhaitons accueillir dans le jardin. Nous allons également pouvoir faire une ouverture officielle du jardin et inviter les membres de la communauté à y assister et à en apprendre davantage. Nous prévoyons cet évènement après la longue fin de semaine du mois de mai ».
Le jardin de pollinisateurs ne se veut pas un projet ponctuel dans le temps et l’équipe de l’école Sainte-Croix prévoit le poursuivre au cours des prochaines années : « une fois le projet fini nous allons le monitorer, et voir d’année en année combien de monarques en plus on peut accueillir dans la cour d’école. Le jardin va servir de mise en contexte concrète aux apprentissages de plusieurs objectifs d’enseignement comme le développement personnel, le lien avec la nature et l’éducation pratique » confie Denise Petitpas.
D’ailleurs l’enseignante a partagé que des élèves de l’école vont prochainement visiter les résidents du Villageois (résidence pour personnes âgées) afin d’explorer les plantes indigènes sous une loupe « locale » et apprendre comment ces plantes auraient pu être utilisées autrefois.
Au final, le don de chrysalides de septembre dernier aura été une étincelle suffisante à la création de tout un projet grâce au terreau fertile qu’a été la communauté de l’École élémentaire Sainte-Croix.
Photo: Les amis de la maternelle-jardin travaillent sur le projet (Crédit: gracieuseté Denise Petitpas)