Pierre Sarazin et Ghislaine Laurin ont entrepris un très long voyage au mois de juillet 2019. On les retrouve devant la grande pyramide de Gizeh au Caire en Égypte.
Maxime Pronovost
Ghislaine Laurin, originaire de Lafontaine et Pierre Sarazin, d’Ottawa, quittaient le Canada en quête d’aventures autour du monde en juillet dernier. Un voyage d’un an était prévu. Elle, travaillait en éducation comme chargée de projet et a quitté son emploi pour mieux voyager avec son amoureux. Lui, un professeur qui se permettait une sabbatique afin de connaître une aventure immense avec sa blonde.
Le couple a visité le Cambodge et le Viet-Nam auparavant, ce qui était suffisant pour avoir la piqûre: « On était en bonne position pour partir pour un an, on savait qu’on pouvait voyager ensemble » disait Ghislaine en entrevue.
Départ en douceur
Ainsi, ils sont partis de Toronto, pour arriver à Londres, pour quelques jours, puis Prague en République Tchèque, pour ensuite aller vers la Pologne, Ghislaine disait à propos de la Pologne: « […] l’histoire de la Deuxième Guerre Mondiale est passionnante, on en a profité pour voir les sites historiques, il faut voir ça ». Pierre ajoutait: « […] Les beignes polonais sont incroyable (rires) […] par la suite on est allé en Slovaquie, en Hongrie et en Ukraine… on ne ressentait pas le conflit récent avec la Russie (un conflit armé, après que la Crimée a été annexée à la Russie), c’était saisissant, les vestiges du communisme sont toujours présents, il y avait des bunkers nucléaires, c’était aussi vraiment intéressant de visiter Tchernobyl et les lieux de l’accident nucléaire […] c’est le coin qu’on a apprécié le plus de l’Europe ». L’Europe de l’Est leur a semblé fort intéressant, néanmoins, cette région du globe pose parfois un défi de taille alors que peu de gens parlent l’anglais à l’extérieur des milieux touristiques.
En se rendant en Turquie pour trois semaines, ils ont connu un énorme changement culturel: « c’était intéressant et extrêmement différent que ce que nous vivons à tous les jours».
Un coup dur
Puis c’est en se rendant à Chypre, une île dans l’est de la mer Méditerranée, que les plans ont entièrement été chamboulés. « […] Dans les premières 48 heures, on s’est fait voler tous nos bagages, pu de capacité d’acheter des choses. Il nous restait quand même les passeports et l’argent. Plus de vêtements, plus d’ordinateur pour le travail ». Il faut savoir que Chypre est une île très, très dispendieuse et de se rééquiper pour l’entièreté d’un voyage était une idée absurde. Comme l’expliquait Pierre: « Ça aurait coûté moins cher de prendre un vol aller-retour à Toronto et acheter un portable avant de revenir à Chypre… alors on est simplement revenu à Istanbul, donc retour en Turquie ».
Ghislaine disait: « Perdre nos sacs, c’était comme perdre notre maison, on avait prévu 48 litres de bagages… on a été orienté par des contacts, on se débrouillait avec google translate, en Turquie ils ne parlent ni anglais, ni français, c’était un moment difficile. Puis on s’est demandé si on retournait au Canada ».
Pierre: « Moi, je voulais revenir au Canada, mais Ghislaine et moi, on a fait un roche-papier-ciseau… est-ce qu’on continue? C’est elle qui a gagné alors on a continué notre voyage […] sans dire qu’on est heureux de s’être fait voler, ça a remis toutes les choses en perspectives ». C’est une leçon qu’ils tirent de cette expérience: « on a arrêté d’acheter des choses qui valent cher, on utilisait beaucoup plus nos ressources en fonction de nos besoins ». « Trouver du déodorant en Turquie, c’est difficile… mais un bikini c’est impossible ».
Poursuivre la route
Une fois rééquipés pour continuer leur voyage au Proche-Orient, Ghislaine et Pierre se sont rendus en Jordanie, un pays coup de coeur, entouré par l’Arabie saoudite, l’Irak et la Syrie: « c’était là aussi une nouvelle culture pour nous, tout est tellement différent, mais les gens étaient super accueillants et gentils ». « On entend parler de ces coins-là du monde à travers les nouvelles américaines et on se fait décrire des pays arabes d’une façon qui nous laisse une mauvaise impression, pourtant il y fait beau, le monde y est agréable et on a passé du bon temps ».
Puis ils ont réalisé le rêve de plusieurs, aller en Égypte, particulièrement au Caire pour y voir les pyramides: « On y a passé une semaine, c’est très très pollué, très achalandé. L’Égypte, une fois sur place, ça coûte rien, alors il y a beaucoup de monde, c’est carrément envahissant ». En effet, une certaine réputation précède les marchés publics d’Égypte, où l’ambiance est chaotique: « Après 10 minutes il fallait sortir. Trop de bruit, trop de gens, trop de couleurs, trop de pollution, trop de poussière, trop de chaleur » disait Ghislaine.
Ils ont pu constater le problème de surpopulation mondiale qui cause son lot de difficultés. Pour Pierre et Ghislaine, aller prendre le thé en Égypte est une nécessité, Pierre disait: « J’comprends la culture d’aller prendre le thé: c’est un moment de paix ». Pierre complétait en disant: « C’est carrément traumatisant d’y voir autant de pollution, il y a aussi beaucoup de pauvreté, ça se voit, ils ne cachent rien. La chaleur y était accablante, là-bas, respirer fait mal, c’est trop pollué, y a des champs de plastique à perte de vue ».
Trois pays au sud du continent africain ont été visités par la route, en voiture. Le Kenya, l’Afrique du Sud et le Lesotho. C’était un rêve qu’ils chérissaient que d’aller faire des safaris. L’un était organisé, à la réserve nationale du Masai Mara au Kenya, pour 3 jours. L’autre était en toute liberté, au parc national Kruger, en Afrique du Sud, reconnue comme une des plus grandes réserves animalières au monde, qui regroupe le « big five »: les lions, les éléphants, les léopards, les rhinocéros et les buffles. « Nous avons vu plusieurs autres animaux : des girafes, des zèbres, des antilopes, des guépards, des phacochères, des hyènes, des hippopotames, des crocodiles, des babouins. C’était vraiment beau de les voir dans leurs habitats naturels ».
« Pour la nourriture, dans les endroits ruraux du Kenya, on trouvait toujours des fèves et du riz, et du riz et des fèves, sinon, de bons fruits de mer frais lorsqu’on s’est retrouvé sur le bord des océans. Le reste, c’était de la bouffe typique, des restos typiques ».
Au sommet du monde
Accéder au sommet de l’Everest commence par atterrir à l’aéroport Tenzing-Hillary, à Lukla, au Népal. Il s’agit d’un aéroport en altitude, entre les montagnes, une seule et même piste de décollage et d’atterrissage, avec la population du village à moins d’une vingtaine de mètres de la piste, qui donne vraiment l’impression d’être trop courte. Les pannes d’électricité qui coupent la communication entre le centre de contrôle et les pilotes, à Lukla, c’est chose courante. Les vols y sont fréquemment annulés en raison de la présence des nuages sur la piste.
« On a décidé d’y aller pour faire un «trek» dans l’Himalaya, au Mont Everest, au Népal. C’est un des plus beaux moments de notre voyage et c’est très demandant psychologiquement. Au lever du soleil on se réchauffait tranquillement, et aussitôt que le soleil commence à baisser, on commence à geler. On soupait à 18 h, tout de suite après on allait se coucher, parce que le seul moyen d’avoir de la chaleur, c’était d’être dans un sac de couchage. 12 jours à avoir froid, à ne pas se laver, parce que l’eau est gelée, puis à un moment, il n’y a plus d’eau courante, tu développes des symptômes étranges constamment en raison de la sécheresse, comme le nez qui coule. Ça vaut totalement le coup, parce que les paysages sont incroyables et changent à mesure que tu grimpes. Ça n’a pas de sens comment c’est beau, plus tu montes plus l’air se faire rare, c’est un des plus beaux moments, le climat ne rend pas ça facile, mais la marche en montagne n’avait rien de trop compliquée, l’expérience est super. Physiquement, ce n’était pas trop demandant ». Au moment de repartir de Lukla pour rejoindre Katmandou, l’aéroport a dû stopper ses vols en raison de la présence de nuages sur la piste, un phénomène qui peut poser de nombreux problèmes vu la taille du village qui n’est pas équipé pour recevoir trop de touristes en même temps.
Le nord et le sud de l’Inde
Pierre disait: « […] on a passé un mois en Inde, le nord et le sud, c’est pas le même pays, ce qu’on connaît de l’Inde, essentiellement, c’est le nord, avec trop de gens, la saleté, les vaches partout. En Inde les gens parlaient anglais, ils étaient accueillants, ils sont vraiment dans ta bulle.
Entrecoupé par les fêtes, Ghislaine et Pierre ont voulu surprendre leurs familles et sont revenus passer les fêtes au pays: « On a réalisé qu’il nous manque absolument rien ici au Canada, de revenir pour les fêtes, c’était un choc, revenir dans l’abondance, quand t’es habitué à ne pas avoir d’eau chaude pour prendre une douche, on prend conscience de la consommation dans le temps des fêtes ici ».
Il faut avouer que les fêtes aux Canada changeaient définitivement de ce qu’ils ont vu en visitant le Gange, soit le plus grand fleuve sacré au monde: « […] les crémations, c’était un choc, le fleuve est sacré pour le peuple indien, alors ils lavent les corps morts, les cendres sont jetées dans le fleuve […] pour les indous c’est important de mourir sur le Gange, les vaches sont lavées là aussi, c’est étrange de notre point de vue ».
À suivre…