« Ça fait mal ! » bien au-delà du Nord
L’élimination de 28 programmes en langue française met en péril l’éducation postsecondaire en Ontario français.
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Micheline Marchand
– IJL Réseau.Presse– Le Goût de vivre
Le 12 avril 2021, la direction de l’Université Laurentienne à Sudbury, au bord de la faillite, a licencié une centaine de professeurs et mis la hache dans 69 programmes d’enseignement, dont 28 programmes en langue française. Cette annonce a envoyé une onde de choc dans la communauté francophone de l’Ontario et ébranlé le monde éducatif du comté de Simcoe.
«Ça fait mal !» déclare Jean Thériault, diplômé de l’Université Laurentienne et conseiller en orientation à l’École secondaire catholique Nouvelle-Alliance à Barrie. L’ampleur des coupes l’a laissé incrédule. «Je n’en croyais pas mes yeux.» En parcourant la liste des programmes axés, des programmes comme histoire, mathématiques, sciences politiques, il s’est dit : «Qu’est-ce qui reste ?»
En février dernier, la direction de l’Université Laurentienne avait placé son institution sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies. Dès ce moment, plusieurs élèves de l’École secondaire Nouvelle-Alliance se sont demandé s’ils devraient changer leur choix d’études postsecondaires. Face à l’incertitude, certains ont décidé d’aller ailleurs. D’autres ont toutefois poursuivi leurs démarches auprès de l’Université Laurentienne. Après tout, selon M. Thériault, le bureau de liaison de l’université avait demandé aux services d’orientation de son école de rassurer les élèves, de leur dire : «qu’il ne devrait pas y avoir trop d’impact sur les programmes, que c’était vraiment un problème administratif.»
La disparition de programmes : un coup dur pour les élèves du comté de Simcoe
Chaque année, plusieurs élèves de l’École secondaire Nouvelle-Alliance choisissent de poursuivre leurs études à l’Université Laurentienne. Selon les données pour la rentrée 2019 (la dernière rentrée habituelle), 40 des 79 diplômés de cette école ont fait demande à une université ontarienne. Selon Jean Thériault, treize élèves de cette cohorte ont fait demande à la Laurentienne dans huit programmes d’études. Or, cinq des huit programmes sont maintenant abolis : Droit et politique, Littérature et culture francophone, Sciences infirmières, Théâtre et Zoologie.
Le conseiller en orientation craint que, pour les élèves, l’élimination de programmes à la Laurentienne «sème un genre de peur». Certains élèves se disent que même si leur programme est toujours offert l’année prochaine, le sera-t-il lorsqu’ils seront en deuxième ou troisième année ?
Un pas en arrière
Depuis plus de soixante ans, l’Université Laurentienne joue un rôle dans le développement économique et culturel du comté de Simcoe en formant des milliers de gens qui, à présent, vivent dans la région. Et dans le monde éducatif, ils sont nombreux les enseignants et les enseignantes ayant passé par cette université, comme à l’École secondaire Nouvelle-Alliance, où près de la moitié du personnel enseignant y a étudié.
Pour Jean Thériault, les compressions annoncées par la plus grande université du Nord de l’Ontario : «C’est un pas vers l’arrière pour l’éducation en français et ça met en péril l’avenir pour certaines carrières pour l’Ontario au complet.»